A propos

Chut ! En vins, je suis Nul. Nul de chez Les Nuls…

Bien entendu, cette affirmation reste entre nous. C’est pour cela que j’ai rajouté le « chut ! » à mon titre. Ben oui quoi, je suis là à faire le malin sur ce blog, à faire croire aux experts qui m’entourent que j’m’y connais en vins et que vous allez voir ce que vous allez voir. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que je suis nul. Complètement nul. Et même nul de chez Nul !

Et fier de l’être, ajouterai-je sans attendre. Aussi nul que je pouvais l’être à l’époque de ma jeunesse en math, en français, en solfège, en filles, et en dieu (pardon, mais surtout pas de majuscule pour ce mec-là), dieu seul sait quoi encore. Je pensais avoir une connaissance livresque sur le sujet du jus de la treille fermenté, mais tout cela est désormais caduc, obsolète, révolu, démenti par un livre qui vient tout juste de sortir. Un ouvrage que je vous recommande chaudement vu que vous, mes camarades du sérail, vous n’en parlerez probablement jamais.

Mais continuons l’execice d’auto flagellation. Pas étonnant que mes articles intéressent si peu de personnes. Pas surprenant non plus que nos ministres ne m’aient pas encore accroché quoique ce soit au revers de mon veston. Que les revues, spécialisées ou non, préfèrent attribuer leurs rubriques et leurs écrans à d’autres professionnels du pinard plus fortiches, plus qualifiés que moi. Oui, au risque de me répéter, je suis nul en vin.

Guide d’achat des vins pour les Nuls

Alors, pour parfaire mes connaissances, je me suis précipité sur un livre adressé par un jeune ami dégustateur et caviste à la RVF, futur journaliste du vin à n’en pas douter.  Et si je me flagelle plus haut dans cet article, c’est pour insister sans flagornerie sur le fait que je juge ce livre in-di-spen-sable. J’ai donc lu et relu cette première édition du « Guide d’achat des vins pour les Nuls » que je vais conseiller à bien des proches qui me posent des questions qu’un temps je jugeais de manière péremptoire soit idiotes, soit trop compliquées pour mon cerveau.

Un ouvrage éminemment pratique qui commence ses différents chapitres par des mots comme « ouvrir, carafer, aérer : libérer le vin ! », ou « La boîte à outils pour apprivoiser le vin », ou qui place dans son trio de tête des Nuls la Vallée de la Loire, la Vallée du Rhône Sud et le Roussillon, rajoutant in extremis le Beaujolais, ne pouvait que me séduire. Pour chacune de ces régions on a droit à de rapides portraits de vignerons qui sont des références faciles d’approche pour qui s’initie au vin : rien que pour la Loire, Jo Landron, Jérémy Huchet, Frédéric Mabileau, Henry Marionnet, Jean-Pierre Chevallier, j’en passe et des meilleurs. À chaque fois, répartis sur d’autres pages du livre, des encadrés nous content une petite histoire vécue comme cette « orgie romaine » chez les frères Foucault de Chacé, près de Saumur. Ou ce « Brad Pitt vigneron, c’est du joli ! » glissé entre les lignes consacrées à Catherine et Sophie Armenier et André Romero. Bon d’accord, on n’est pas toujours d’accord sur le choix du vigneron ou de la cuvée présentée, mais c’est justement là que réside l’intérêt de ce guide qui ne ressemble à aucun autre.

Une deuxième partie est consacrée aux meilleurs vignerons de France. Et là aussi je dis bravo ! On y trouve Jean-Pierre Durand, plus négociant (Ogier) que vigneron, mais peu importe car le type est en train de bâtir une maison à forte valeur ajoutée à partir d’une ruine casteplapale comme je l’ai déjà signalé dans ce blog. On pardonne au passage la petite erreur de relecture (Cros-Hermitage) pour tomber sur Jacques Grange qui dirige lui aussi une autre talentueuse maison (Delas) dans la vallée du Rhône. À chaque occasion, les auteurs nous guident vers LE vin qu’il convient d’avoir en cave si on est Nul (ou pas) avec un petit conseil sur la façon de l’envisager. Bon, je doute qu’un Nul, à moins d’être à la RVF, ait la chance de rencontrer Pierre Lurton, Bernard Magrez, Denis Dubourdieu ou Stéphane Derenoncourt en personne, mais bon, on pardonne dans la mesure où ce sont des people de la presse du vin. De telles sommités sur lesquelles les Nuls – ou moins nuls- se doivent d’être informés ne serait-ce que pour appréhender leur considérable importance dès leurs premiers pas (ceux des Nuls) dans la sphère du vin.

À ce stade, je ne vous cache pas que je rêve de faire un livre qui exclurait les « stars du vignoble », ceux qui sont poussés par une armada d’attachés de presse plus ou moins bien inspirés. Si un éditeur est intéressé… Revenons aux Nuls, le guide. En le parcourant j’avais oublié qu’un vieux pote, photographe de talent, avait monté un petit vignoble dans le délicieux village. Il y vinifie d’après les Nuls un VIN laissant « la sensation étrange de boire un vin de pamplemousse mélangé à une tisane de fleurs blanches avec une légère pointe acidulée pouvant dérouter… » Bon, ça fleure un peu le copinage, mais là encore je pardonne car je n’oublie pas qu’ayant été jeune moi-même il m’est arrivé d’écrire peu ou prou la même chose. L’essentiel est que ce livre est agréable et qu’il donne envie de s’amouracher du vin au point d’en faire une maîtresse.

La troisième partie, intitulée « Les meilleurs vins à acheter cette année  est réalisée par un caviste à plein temps pour uen Revue du Vin de France et qui, à ce titre, participe à de nombreuses dégustations. Il y a d’excellents choix, comme le Pinot blanc  des Mann en Alsace  ou le Chénas de Bernard Santé. Certains lui reprocheront le Bon Pasteur  ou le Corton Clos des Cortons  de Faiveley, mais on a le droit d’être riche et nul à la fois.  Et puis, il faut dire que les vins « chers » ne sont pas si nombreux que ça dans une sélection forcément arbitraire de 300 crus. La preuve ? Un Gaillac perlé à 4,50 € ou un Madiran à 5 €.